10 févr. 2022

Climat et journalisme : Vulgariser le changement climatique

Climat et journalisme : Vulgariser le changement climatique

Les formats éditoriaux simples et accessibles sont indispensables pour rafraîchir les idées à tout le monde.



Cette étude de cas fait partie d’un cycle dédié au changement climatique. Pour en savoir plus : lire l’édito.

Pourquoi c’est important

Le changement climatique, c’est assurément compliqué. Certains termes scientifiques ou politiques (réchauffement, CO2, taxe carbone...) sont devenus omniprésents dans le débat public et les médias, mais ce n’est pas pour autant que tout est clair dans l’esprit des citoyens... Il est facile de s'y perdre et de considérer que le sujet est trop complexe quand on n’est pas un expert.

Problème : cette perception peut éloigner durablement certains publics de la thématique, au point de leur donner une vision superficielle et potentiellement déformée de la situation. Car si des pans de la population se contentent de suivre l’écume depuis certaines chaînes d’info en continu ou certains réseaux sociaux, on ne peut guère être étonné que le climat soit considéré comme une préoccupation lointaine de bobo parisien, une simple opinion partisane, ou pire, comme une fake news...

Le climato-scepticisme est certes peu prégnant en France mais n’oublions pas qu’une partie de la société semble plutôt passive et représentante d’une forme de « climato-relativisme » : on sait que le changement climatique est un problème, mais on repousse les efforts à plus tard (et on préfère se moquer des khmers verts).

D’où la nécessité d’imaginer des formats éditoriaux simples et accessibles, susceptibles de raccrocher les wagons avec un public peu sensibilisé... ou tout simplement de rafraîchir les idées à tout le monde. Il semble notamment important de revenir sur les notions de base pour bien appréhender le sujet.

Pour jouer pleinement leur rôle d’information, les médias en ligne peuvent alors mobiliser toute la panoplie des angles et formats pédagogiques. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas forcément compliqués à produire. Comme d’habitude, un bon design éditorial est toutefois un plus afin d’éviter l’écueil de l’aridité, assez inévitable autour de ces sujets techniques et anxiogènes.

Les pistes

Résumer simplement les faits sur le climat

Pour commencer, il est toujours bon de rappeler les faits de base sur le changement climatique, en vulgarisant au maximum les connaissances scientifiques irréfutables.

Cela peut prendre la forme d’un format simple « Questions / Réponses ».  Le New York Times en a produit plusieurs sur le sujet, comme celui-ci avec un éditing très digeste et un design fleuri, ou encore celui-ci avec un design plus sobre et des réponses plus fouillées.

On peut aussi imaginer des décryptages visuels pour simplifier les données scientifiques, comme ici sur les différentes trajectoires de réchauffement (+1,5°C ou +2°C), toujours chez le New York Times.

Cela peut aussi passer par une vidéo en motion design, comme l’a fait récemment Le Monde avec ce décryptage habilement pensé en partenariat avec le youtubeur Le Réveilleur.

Décrypter les mots et les acteurs clés

Le New York Times propose un glossaire des politiques climatiques à l’occasion de la COP26. Pour une fois, il évite l’écueil du format ennuyeux en étant présenté comme une chasse aux « buzzwords » du climat, avec un design et un ton informel.

A la même occasion, le Wall Street Journal a également publié un guide pratique permettant de mieux appréhender les concepts et les acteurs clés de la COP26.  Surtout, ces contenus courts sont pensés pour être réutilisés par la rédaction et insérés sous forme d’encadrés au sein d’autres articles.

Expliquer visuellement des concepts complexes

The Guardian propose un long format visuel qui explique le concept de « densité énergétique » (à poids égal, une énergie fossile comme le diesel est bien plus efficiente qu’une batterie électrique). Dans ce genre de situation, une histoire visuelle vaut mieux qu’un long discours.

Bloomberg décrypte de son côté le rôle spécifique du méthane dans le réchauffement climatique, avec ce graphique interactif très parlant pour comparer sa nocivité dans le temps par rapport au CO2. À noter : habilement, le titre de l’article ne mentionne pas le mot « méthane » et le présente plutôt comme une solution (« The Cheap and Easy Climate Fix That Can Cool the Planet Fast »).

Enfin, on peut citer ce long format du média spécialisé Grist, qui synthétise les « points de non-retour » auxquels nous sommes confrontés. L’article est structuré de façon très claire, avec un triptyque facile à comprendre (« Sea », « Ice », « Land ») et des images.

Challenger les connaissances du lecteur

Il peut être malin de tester les connaissances du lecteur pour accrocher son attention. Le Washington Post propose ainsi un quiz sur les solutions face au changement climatique.

Imaginer des représentations visuelles parlantes

Nos cerveaux ont besoin de repères visuels simples pour digérer des statistiques ou des faits complexes. C’est souvent un problème pour les spécialistes du climat, qui nous assomment de chiffres alarmants mais peu parlants.  

On peut citer le travail du chercheur britannique Ed Hawkins, qui a imaginé une frise du réchauffement climatique sous forme de bandes de couleurs (« warming stripes »), depuis 1850. Cette visualisation très intuitive a depuis fait le tour du monde, et est fréquemment reprise par les médias comme The Economist.

Bloomberg Green tente également de vulgariser son dashboard climatique en adaptant ses données à l’échelle du temps de visite de l’internaute. Un compteur affiche par exemple le nombre d’arbres (en équivalents terrains de football) perdus depuis mon arrivée sur la page.

Utiliser un ton plus informel

La crise climatique souffre de son caractère anxiogène. Certains médias très sérieux tentent ainsi d’approcher le sujet avec une touche de dérision.

The Guardian proposait par exemple un guide illustré des « grands méchants » du climat lors de la COP26. Un format très digeste (certains diront simplificateur) également décliné sur le compte Instagram du journal.

On peut aussi penser au média français Vert, qui n’hésite pas à manier le second degré pour aborder des questions de fond sur son compte Instagram. Certains des posts s’apparentent presque à des « memes ».

Penser aux enfants

Les enfants, eux aussi, peuvent avoir des questions sur le climat. Certains médias n’hésitent pas à concevoir des contenus qui leur sont spécialement dédiés afin de fidéliser à la fois les parents et les lecteurs en herbe.

On peut citer cette super histoire illustrée, à scroller, du New York Times.

Ou encore Libération, qui avait produit un dossier sur la COP21 dans le cadre de (feu) son « P’tit Libé ».


Cette étude de cas fait partie d’un cycle dédié au changement climatique.

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Maxime Loisel
Maxime Loisel
Fondateur de HyperNews. Consultant indépendant en stratégie et design pour les médias en ligne. Ce blog n’engage que moi.
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