Une liste totalement subjective des médias à suivre sur Instagram, sur le fond et (surtout) sur la forme.
Depuis sa création, Instagram a révolutionné nos modes de vie à bien des égards. Comme d'autres avant elle, la plateforme de partage de photos a imprimé sa marque sur nos usages numériques, mais aussi bien au-delà. Que cela nous plaise ou pas, des millions d'utilisateurs sont désormais passés maître dans la culture de l'image et de la mise en scène permanente de soi.
Mais malgré tous ses défauts, Instagram est aussi un canal d'information majeur et un excellent terrain de jeu en matière de storytelling pour les médias. Car on y suit certes ses proches, ses communautés d'intérêt (et les fameux « influenceurs » qui vont avec), mais aussi des comptes plus institutionnels dont font partie les professionnels de l'information.
Des efforts inégaux
Instagram n'est certes pas un petit nouveau dans la galaxie des réseaux sociaux — son apogée serait même déjà derrière nous — mais force est de constater que les médias français ont mis un peu de temps avant de l'investir à sa juste valeur. Avec souvent pour objectif de rajeunir leur audience, même si Instagram n'est plus le repère de jeunes millenials friands d'avocado toast qu'il a pu être à ses débuts.
Nombre d'éditeurs ont longtemps été frileux sur la diffusion d'informations « gratuites » sur cette plateforme, et encore plus refroidis par la difficulté à y poster des liens vers leurs articles. Cette réticence initiale tend à évoluer, notamment grâce aux efforts d'Instagtam pour être plus publisher-friendly.
Si quasiment tous les médias ont désormais un compte sur la plateforme, les efforts d'éditorialisation et de créativité restent néanmoins très inégaux. Pas facile d'adapter son format et son ton aux usages de la plateforme. La plupart tâtonnent pour s'adresser à une nouvelle audience aux contours assez flous et bien souvent en quête d'émetteurs moins institutionnels. D'autant que les usages évoluent très rapidement.
Recompositions esthétiques
Il est ainsi passionnant d'observer cette évolution des tendances créatives et esthétiques sur Instagram, principalement influencées par les comptes amateurs. Parmi les trends les plus intéressants de ces dernières années, on peut par exemple noter le retour en force inattendu de l'écrit, sur une plateforme jusque là réputée pour être le temple de l'image. Des Stories aux carousels, on se surprend désormais à lire des récits longs, denses — bien que toujours très segmentés et zappables à coup de swipe.
Ce retour de l'écrit est notamment à lier à l'essor d'une forme de militantisme numérique très créatif, que certains qualifient « d'activisime PowerPoint ». On trouve ainsi sur Insta une quantité de comptes qui redoublent d'inventivité pour faire passer leurs messages. Le carousel riche en texte semble être leur format privilégié pour convaincre et interpeller les lecteurs, même si différentes variantes semblent coexister. On navigue entre une esthétique tantôt très minimaliste et soignée (qui fait penser aux multiples marques qui prospèrent aussi sur la plateforme), tantôt plus foutraque et tape à l'oeil. Certains activistes influents se sont d'ailleurs mués en véritables médias d'information, en racontant l'actualité sous un format pédagogique et incitant à l'action.
Chez les médias traditionnels, on peut également observer ce retour croissant à des contenus plus créatifs. De nombreux éditeurs consacrent désormais un vrai effort éditorial et graphique à leurs publications. Les carousels et Stories se font plus longues, plus travaillées, laissant souvent plus de place au texte. L'image et la vidéo restent également très présents afin de raconter l'actualité, d'incarner la rédaction ou d'instaurer plus d'interactivité avec l'audience.
Sur la forme, chaque média bricole sa propre identité, alternant entre une production graphique léchée et des codes volontairement plus amateurs (notamment dans les fameuses "Stories" éphémères, un format devenu incontournable où il est d'usage de juxtaposer stickers, emojis et visages face cam).
A l'heure où les amateurs se professionnalisent sans cesse, pas facile pour les médias professionnels de suivre le mouvement. Heureusement, il se passe tout de même plein de choses intéressantes.
Voici donc une petite sélection de comptes média à surveiller ci-dessous.
WILL
On aime : Des carousels fouillés, des journalistes face cam qui intéragissent avec l'audience, mais aussi des memes humoristiques.
FTV Slash
On aime : le ton très travaillé, la grande diversité des formats, les Stories interactives.
Washington Post
On aime : le choix des collages photo à la fois sobre et punchy, des Stories épinglées efficaces, quelques rendez-vous marrants comme le Date Lab.
RAD
Le laboratoire de journalisme numérique de Radio Canada.
On aime : Des sujets sérieux abordés avec une esthétique hipsterisante toujours très léchée, que des vidéos inspirées des YouTubers.
Arte
On aime : la créativité des formats (on sent le savoir-faire en matière de « nouvelles écritures »), la promotion intelligentes de programmes vidéo plus longs.
The Guardian
On aime : le style tape à l'oeil, la diversité des formats, et le défunt rendez-vous hebdomadaire « Fake or Real » (un classique du genre).
Period
On aime : l'art du contenu qui déclenche une réponse émotionnelle, les astuces en mode développement personnel
ZEIT
On aime : le parti pris devenu rare de la (très belle) photo, les cartoons réguliers, et quelques audaces en vidéo.
HugoDécrypte
On aime : les récaps quotidiens de l'actu.
Konbini
On aime : le savoir-faire de la vidéo face cam (qu'on ne présente plus), les Stories en reportage, le ton info-LOL.
NYT Books
On aime : la richesse des contenus, la mise en scène maline des nouvelles sorties littéraires et du journal papier
Le Figaro
On aime : les formats vidéo face cam.
MAD
On aime : les rendez-vous vidéo réguliers et très léchés (un peu l'impression de regarder une chronique de 50 Minutes Inside actualisée pour une audience de 2021).
The Lily
On aime : la direction artistique reconnaissable, le choix de relayer sobrement certains titres ou tweets seuls, les cartoons réguliers.
Le Parisien
On aime : les rendez-vous vidéo comme Food Checking, le suivi à chaud des grands événements en Stories.